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Arrestations et jugements arbitraires: injustice totale

F
arid, 19 ans, demandeur d'emploi à Lyon

"J'habite sur les pentes de la Croix-Rousse [un quartier dans le centre-ville de Lyon], j'ai entendu parler d'une manifestation, je suis donc descendu place des Terreaux, et là, c'était la guerre, il y avait des lacrymos partout, des policiers qui chargeaient. J'ai jeté quelques cannettes sur les flics pour crier ma colère. Les manifestants, quelques centaines, reculaient et se sont dispersés dans les rues par petits groupes. Moi aussi j'ai couru, et je me suis retrouvé au coin d'une rue, et je vois trois CRS qui foncent sur un jeune qui passe, les mains levées, avec des sacs en plastique remplis de ses courses. Ils se mettent à taper sur leur boucliers, lui mettent des coups de matraque, le jettent au sol, et lui tirent dessus à bout portant avec un flashball. Il s'est laissé interpeller – d'ailleurs il a été relaxé après sa garde à vue, ils n'avaient rien contre lui, il passait juste faire ses courses.

Voyant ça, j'ai fait demi-tour, et je fais face à plusieurs CRS, j'ai levé les mains, ils sont arrivés directement sur moi, m'ont mis à terre, mis des coups de matraque, sur les jambes, sur les épaules. Ils m'ont traité de tous les noms : 'sale bâtard', 'sale bicot', 'retourne dans ton bled toi et les Arabes de France'. Je me mets sur le ventre, leur demande d'arrêter de taper, en leur disant de m'interpeller tranquillement. Mais ils continuent. Alors je me relève et j'essaye de mettre un coup de tête sur le casque du policier. J'essaie de lui mettre un coup de pied, mais là ils me font une balayette, et un coup de matraque m'ouvre l'arcade. Je me retrouve au sol.

Je suis passé en comparution immédiate, avec douze autres prévenus, dont une mineure. J'ai reconnu les faits, c'est vrai j'ai mis un coup de tête, mais c'était pour me défendre. J'ai été inculpé pour 'rébellion, violences avec arme de substitutions sur agent de la force publique, et violences urbaines en réunion'. Tout ça pour deux trois canettes. Le procureur a demandé huit mois avec mandat de dépôt mais, comme je n'avais pas de casier judiciaire, j'ai pris quatre mois ferme sans mandat de dépôt. Alors que je n'ai pas de casier.

Moi, je ne suis pas trop dans la politique, mais quand je vois ça, je me dis que si c'était à refaire, je le referais. Pour vous dire, je n’ai même pas voté, je ne suis pas inscrit sur les listes électorales. J'ai fait cette bêtise. On aurait dû se faire entendre. Plein de mes copains ne sont pas inscrits non plus. Maintenant, c'est trop tard.

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