Interview - Après les événements de Montfermeil, le chef de la police en Seine-Saint-Denis va équiper ses policiers de caméras.
Objectif : être en mesure, si nécessaire, de "légitimer l'emploi de la force".
LCI.fr : A la suite des événements de Montfermeil, où deux policiers ont été mis en examen après avoir été filmés en train de frapper un individu menotté, vous avez annoncé votre intention d'équiper vos policiers de petites caméras qu'ils porteront sur leurs vêtements. Pourquoi ?Jean-François Herdhuin, directeur de la Sécurité publique en Seine-Saint-Denis : Tous les jours, lors de nos interventions, nous sommes surveillés par toutes sortes de moyens que sont les téléphones portables ou les caméscopes et on surprend souvent, malheureusement, l'action policière dans sa phase terminale, quand nous employons la force. Mais on ne montre jamais la scène qui précède, celle où ce sont les policiers qui subissent des violences. On reste sur une impression qui est que la police nationale déborde toujours. Bien sûr, en ce qui concerne les derniers événements à Montfermeil, des fautes ont été commises et la justice s'en occupe, mais je pense que les images diffusées étaient très orientées. Le climat de violences qui existait juste avant la prise de ces images aurait pu non pas excuser mais expliquer l'attitude des fonctionnaires. Il faut savoir que ces violences contre les policiers sont quotidiennes dans certains quartiers difficiles, notamment à cause des trafiquants de drogue qui protègent leur trafic. Il y a aussi des délinquants qui ne supportent pas notre présence et qui caillassent, voire lynchent nos policiers dès qu'ils sont isolés. Je souhaiterais que l'on voit ces images, qu'elles soient prises en compte tant pour l'opinion publique que pour l'Inspection générale des services (ndlr : police des polices) ou les magistrats. Il faut que nous puissions être en mesure de légitimer l'emploi de la force. Je veux donner aux policiers les moyens de se défendre contre des images. Il faut que nous soyons à armes égales. LCI.fr : Les policiers utilisent depuis longtemps la vidéo, les équipements actuels ne suffisent pas ?J-F.H. : Nous disposons déjà de caméscopes vidéos, mais la personne qui filme ne fait que filmer. Nous avons également, en Seine-Saint-Denis, 64 véhicules qui sont équipés de caméras. Mais elles restent dans le véhiculent puisqu'elles sont fixées sur un mât. Sur une scène de violence urbaine, elles peuvent filmer voir identifier des individus jusqu'à 150 mètres. Ces scènes peuvent être enregistrées et d'ici peu, nous aurons une retransmission directe de ces images jusqu'à notre salle de commandement ce qui nous aidera à prendre des décisions par rapport à une situation qui se dégrade. Le problème que nous avons et que l'emploi de la force se fait dans le cadre d'une progression à pieds dans les quartiers, et là, nous manquons d'images. La mise à disposition prochaine de caméras "boutons" va nous faciliter les choses. Nos policiers seront techniquement équipés pour nous permettre de voir une scène de A à Z. De contextualiser leur action. Et s'il le faut, ces images pourront servir de preuves en justice. LCI.fr : Quand va débuter l'expérimentation en Seine-Saint-Denis ?J-F.H. : D'ici quelques jours voir quelques heures, nous allons recevoir une quinzaine d'équipements à tester. Il y a plusieurs modèles, mais cela ressemble à un gros bouton de veste, accroché au vêtement du fonctionnaire de police et qui est relié par un fil à un boîtier qui est fixé à la ceinture Nous choisirons celui qui sera le plus solide, le plus simple d'utilisation et qui donnera, surtout, les images les plus stables, car l'objectif est que le policier puisse continuer à faire son travail de policer, avec ses deux mains, notamment pour se défendre ou pour procéder à des arrestations. LCI.fr : Qui sera équipé ?J-F.H. : Nous équiperons prioritairement notre Compagnie de sécurisation, lancée il y a un mois (ndlr : force de 110 hommes, tous volontaires, très réactifs et mobiles et qui connaissent bien le terrain). LCI.fr : Vous ne craigniez pas une certaine réticence de la part de vos policiers pour embarquer ces caméras sur eux. Cela pourrait être considéré, pour certains, comme un fil à la patte...J-F.H. : S'il devait y avoir une résistance de la part de certains policiers pour porter ce genre de caméras, elle serait totalement inappropriée. Il s'agit de les protéger contre toute accusation mensongère. Ces nouveaux moyens devront progressivement faire partie des techniques de police habituelles.
Le syndicat Alliance favorable à ce que la police filme
Alliance, second syndicat de gardiens de la paix, s'est déclaré jeudi favorable à la proposition du chef de la police de Seine-Saint-Denis que la police filme ses interventions dans ce département. "C'est une bonne chose", a déclaré son secrétaire national, Frédéric Lagache. "Cela légitimera l'intervention de nos collègues qui, dans la majorité des cas, est conforme à la législation face à des actes de rébellion notamment", a-t-il fait valoir. Toutefois, il a jugé que "la question des moyens" se posait et qu'il fallait "voir comment mettre cela en oeuvre et combien cela va coûter".
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