Relaxe totale pour Virginie !
- source:rebellyon
Le verdict n’a été donné ce mercredi 6 juillet que vers 22 heures. Vu la longueur de cette audience, le procès de Luis et Christian, qui aurait dû avoir lieu ce même jour est reporté au vendredi 8 juillet à 14h (14ème chambre).
Lors de la "Manifestive contre toutes les frontières" du samedi 30 avril à Lyon, Virginie, 19 ans, a été interpellée vers 17 heures sans aucune raison et de façon très très violente, ce qui a choqué toute la foule présente sur la place des Terreaux. En fin de manif, suite à une charge de policiers place St Paul, 5 autres personnes ont été interpellées.
Mais il y avait des preuves : de nombreuses photos, un film amateur, des bandes de vidéosurveillance éventuelles et de nombreux témoignages recueillis très vite. Un collectif de soutien s’est constitué.
Tous les six ont refusés d’être jugés le 2 mai en comparution immédiate. Lors des procès les 25 et 26 mai, trois ont été condamnés : Philippe (un mois ferme), Alexandre (2 mois ferme et 1250 €), John (4 mois ferme), tandis que le juge Péju demandait pour les trois autres une commission rogatoire de l’IGPN, permettant d’étudier toutes ces preuves, pour Virginie, ainsi que Luis et Christian, avant un nouveau procès le 6 juillet pour ces trois-là.
Ce 6 juillet fut un procès d’anthologie. Il est quand même rare de voir des policiers de la BAC se faire humilier de la sorte, aussi bien par les magistrats que par le procureur, tout à fait à juste titre devant autant d’incohérences et d’acharnement bestial de la part de ces policiers. Il est rare d’entendre dire par magistrats et procureur que des policiers sont des menteurs. Les avocats des inculpé(e)s ont, dans leurs plaidoiries, dépassé le cadre de la seule demande de relaxe pour Virginie, en en faisant le procès des policiers de la BAC.
La salle d’audience était comble, tout le collectif de soutien et en plus 25 policiers. A l’issue de 6 heures d’audience (de 15h50 à 22h), Virginie est relaxée des trois chefs d’inculpation (appel à la rébellion, tentative de vol d’une arme d’un policier et rébellion) avec les "regrets" du procureur et des juges, c’est la vérité !
Virginie aura tout de même passé 25 jours en détention (y compris la garde à vue) après une arrestation violente physiquement et moralement..
L’audience s’est concentrée assez rapidement sur les demandes d’information (vidéos, photos...) et surtout les procès verbaux des policiers. Sans entrer dans les détails (l’heure viendra pour cela !), les policiers (7 au total) ont été passés "à la moulinette" par les juges (contenus contradictoires de leurs procès verbaux, coups donnés à Virginie, utilisation non règlementaire du taser...).
La conviction du tribunal fut assez rapidement comprise par les personnes présentes : Virginie n’a pas pu faire partie des quatre personnes, plus ou moins identifiées, suite à des dégradations et donc il n’y avait pas motif à son interpellation. Les accusations contre elle sont rapidement tombées grâce à la vidéosurveillance, les photos et les témoignages concordants des témoins (pas tous participants à la manifestive).
Virginie a également portée plainte contre les policiers. A suivre...
Nous nous bornerons ici à donner les réquisitions du procureur et le délibéré du tribunal, après les conclusions de l’enquête de l’IGPN. Pour un compte-rendu plus complet de l’audience voir l’article de REBELLYON : Manifestive : les « éboueurs » de la BAC recalés pour faux témoignages
CHEFS D’INCULPATION DE VIRGINIE
rébellion sur agents de la force publique
provocation à la rébellion
tentative de soustraire frauduleusement l’arme d’un policier
CONCLUSIONS DE LA COMMISSION ROGATOIRE DE L’IGPN
Des sept témoignages consignés par l’IGPN il en ressort que les conditions d’interpellation de Virginie se font sans brassards de police, avec une violence démesurée. Le taser n’aurait pas dû être utilisé sur Virginie car il n’y a pas de légitime défense.
De magnifiques albums, confectionnés par l’IGPN à partir des photos et des films, ont été compulsés sans cesse par les trois juges pendant les sept heures du procès.
« D’après la commission rogatoire, étant vêtue de la même façon tout au long de la manifestation, vous ne faites pas partie du groupe de quatre personnes à interpeller qui sont déguisées, dont l’une d’elles a lancé une pierre contre la vitre du QG de vidéosurveillance du batiment de la police municipale situé rue Pizay. D’autre part, il est absolument impossible que vous ayiez tenté de prendre l’arme d’un policier, celui-ci ayant son arme dans le dos. Enfin il apparaît que c’est une autre jeune fille qui a harrangué la foule ; si vous avez crié, c’est de peur ou d’angoisse. »
RÉQUISITIONS DU PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE
« J’abandonne toutes les poursuites vis à vis de Melle Virginie. »
« La police est là pour interpeller uniquement les fauteurs de troubles. Je ne conteste pas que la BAC intervienne en civil. Pour la BAC, c’est ce qui fait qu’elle est à craindre. Les policiers savent très bien que c’est une provocation policière. Cela crée de la tension. Je ne conteste pas la légitimité de la peur. Mais tout le monde se pose vraiment des questions comment on en arrive à un dossier qui met sérieusement en cause des dépositions de policiers qui fournissent des images complètement fausses de la réalité. Et tout le monde se pose vraiment des questions comment on en arrive à faire usage de violences qui ont pu dépasser largement au-delà de ce qui est nécessaire. »
« C’est totalement impossible de dire que Melle Virginie pouvait être cette personne qu’il fallait interpeller. On voit bien que Virginie faisait des gestes d’apaisement. »
« Je suis très désagréablement surpris que là les policiers n’aient pas reconnu leur erreur. Ce n’est pas sérieux. Je rend grâce à la présence d’esprit de certains témoins. Pourquoi les policiers ne reconnaissent-ils pas ces évidences ? »
« Pourquoi les policiers ont-ils agi de la sorte avec Melle Virginie ? La question reste posée. Trois réponses possibles restent en suspens :
1°) Il peut y avoir eu une confusion dans les nuages de gaz lacrymogènes.
2°) Il peut y avoir eu un souci pour certains de conforter la position défendue par leurs collègues.
3°) Il peut y avoir eu une volonté, en prenant une personne au hasard, de légitimer une interpellation qui s’était mal passée. »
« Il faut reconnaître la défaillance de certains policiers, qui peut être dommageable pour l’ensemble de la police. »
« Les conséquences ont été lourdes pour Virginie. Elle pourrait être condamnée pour toutes les inculpations, pour toutes les charges qu’elle n’a pas commises. Ce qui est grave, c’est que c’est sur la confiance, sur la parole des policiers que Virginie a fait 22 jours de prison. Que ce serait-il passé si on avait pas eu ces photos ? On aurait très bien pu lui imputer aussi toutes les dégradations commises à l’occasion de cette manifestation. »
« On ne peut pas tenir compte dans ce dossier de la parole des policiers. »
« Il n’y a pas d’aveu de la part des policiers ni sur la provocation à la rébellion, ni sur la tentative de vol de l’arme d’un policier. Je la relaxerait pour ces deux chefs d’inculpation. »
« Pour le délit de rébellion, elle n’a jamais dit qu’elle ne s’était pas débattue, mais elle dit qu’elle ne savait pas que c’était des policiers. Là je suis moins sûr qu’elle ne s’en était pas aperçue. Mais je ne suscite pas l’inculpation de rébellion étant donnée la rudesse de l’interpellation. Tout un chacun pourrait réagir dans le même cas avec beaucoup d’excitation comme elle. D’ailleurs elle ne se souvient pas. »
« Je ne souhaite pas qu’on entre dans le détail du procès des policiers. Il y a une plainte déposée contre les policiers qui va donner lieu à une enquête. Il y aura à ce moment-là, un autre débat judiciaire. »
« J’exprime mes sincères regrets à Virginie. Le parquet a requis de façon abusive son mandat de dépot. Elle a droit à la commission d’indemnisation. »
VERDICT DU TRIBUNAL DONNÉ PAR LE JUGE PÉJU
« La provocation à la rébellion n’est pas établie. La rébellion n’est pas caractérisée. Rien ne permet de penser que vous avez tenté de voler l’arme d’un policier. EN CONSÉQUENCE, LE TRIBUNAL VOUS A RELAXÉE.
En comparution immédiate, le président du tribunal n’a que les PV des policiers pour établir ses convictions. Il ne s’agit pas de faire le procès de la police. Mais, dans ce dossier, les PV des policiers sont plein d’ommissions, de contradictions et de choses qui ne sont pas fondées. Le tribunal ne peut pas travailler dans ses conditions sans des PV réels.
Nous vous présentons les regrets du tribunal. »
Petites phrases du jour :
« Ces gens-là ne nous aiment pas de toute façon » : un policier de la BAC sur le grill. Il a eu beaucoup de mal a expliqué les versions contradictoires de ses procès verbaux et sa nouvelle version en audience. Il était très nerveux et franchement mal à l’aise.
« En aucun cas je mentirais dans une interpellation qui va tourner de cette façon ! » : un policier au juge disant que le PV ne correspond pas à la réalité.
« Effectivement, si j’avais su que cette affaire prendrait cette ampleur, j’aurais fait un PV plus précis. » : un autre policier.
« Le taser, ça m’a coupé la cage thoracique, à quatre reprises ! Les décharges électriques, ça fait super mal ! » : Virginie, alors qu’un policier parlait d’une seule décharge électrique légère.
« Des guerriers anarchistes révolutionnaires... » : Me Versini, l’avocat des policiers. « C’est l’état de siège » : un policier, alors que les photos montrent une ambiance totalement festive avant l’arrivée de la BAC.
« La BAC, ce sont des éboueurs de cette France-là... » : dans les conclusions de Me Versini, repris par Me Frédérique Penot, l’avocate de Virginie. Quelle haine ! L’avocate précisera qui si « la BAC ce sont les éboueurs » alors c’est grave si nous sommes considérés comme « des déchets » !!!
« ... C’est un mensonge en bande organisée ; cela met l’accent sur certaines pratiques de la BAC. » : Me Frédérique Penot.
Association TÉMOINS
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