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Barack Obama élu président des États-Unis

WASHINGTON (Reuters) - Le démocrate Barack Obama a remporté l'élection présidentielle américaine aux dépens de John McCain, devenant le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis et tournant la page de huit années républicaines à la Maison blanche.
Obama, 47 ans, succédera officiellement à George Bush le 20 janvier 2009. Il pourra s'appuyer, pour mettre en oeuvre les changements qu'il a promis pendant sa campagne, sur une majorité élargie des démocrates au Congrès, où l'on renouvelait mardi la totalité de la Chambre des représentants ainsi que 35 des 100 sièges du Sénat.
Des scènes de liesse ont salué l'annonce de sa victoire à travers le pays, notamment dans son fief de Chicago, où le candidat démocrate a tenu un discours de victoire d'une dizaine de minutes devant plus de 200.000 personnes massés dans le Grant Park.
"Il a fallu beaucoup de temps mais ce soir, grâce à ce que nous avons accompli aujourd'hui, à cet instant précis, le changement est arrivé en Amérique", a-t-il dit. "La route qui nous attend est longue. Le chemin sera escarpé. Nous ne toucherons peut-être pas à notre but en un an, ou même en un mandat. Mais, Amérique, je n'ai jamais eu autant d'espoir que nous y arriverons", a-t-il ajouté.
A Phoenix, dans l'Etat d'Arizona dont il est sénateur, McCain, 72 ans, a reconnu sa défaite et a dit avoir appelé Obama pour le féliciter. "Nous avons achevé un long voyage. J'appelle tous les Américains qui m'ont soutenu à se joindre à moi pour féliciter le futur président (Barack Obama) mais aussi pour l'assurer de notre bonne volonté", a déclaré McCain. Le président George Bush a téléphoné pour sa part à Obama pour le féliciter.
L'arrivée à la Maison blanche de cet homme né d'un père kényan noir et d'une mère blanche du Kansas, est un moment de l'histoire des Etats-Unis, 45 ans après l'apogée du mouvement pour les droits civiques menés par Martin Luther King.
Le révérend Jesse Jackson, figure majeure du mouvement des droits civiques, s'était joint à la foule au Grant Park. Des larmes coulaient sur ses joues.
La succession de George Bush s'annonce difficile pour le 44e président des Etats-Unis, appelé à relancer l'économie du pays, gérer les guerres d'Irak et d'Afghanistan, composer avec un déficit public proche de 500 milliards de dollars et redorer le blason du pays à l'étranger.

DES ÉTATS ROUGES QUI PASSENT AU BLEU
A Washington, Noirs et Blancs ont fêté ensemble devant la Maison blanche la victoire d'Obama et le départ prochain de Bush. Les automobilistes klaxonnaient un peu partout à travers la capitale fédérale. On faisait aussi la fête à New York, à Times Square, comme dans nombre d'autres villes américaines.
Obama s'est d'ores et déjà assuré du soutien d'au moins 349 grands électeurs, beaucoup plus que les 270 nécessaires pour disposer de la majorité au collège qui doit élire formellement le président des Etats-Unis. Et alors que l'on connaît les résultats de plus des trois quarts des circonscriptions, Obama remporte le vote populaire avec 52% contre 47% pour McCain, soit un écart moins grand, a priori, que ce que prévoyaient certains sondages de fin de campagne.
Obama n'en a pas moins recueilli environ 5,4 millions de voix de plus que son adversaire. En 2004, George Bush avait devancé John Kerry de 3,5 millions de voix environ.
McCain, qui dispose pour l'instant du soutien de 159 grands électeurs, a vu rapidement ses espoirs chanceler puis s'évanouir en constatant sa défaite dans une série d'Etats clés comme l'Ohio - où s'était jouée l'élection présidentielle de 2004 - puis la Floride - où s'était jouée celle de 2000.
Obama a raflé d'autre part des Etats comme l'Iowa, le Nouveau-Mexique, l'Indiana, le Nevada et le Colorado, tous remportés par Bush en 2004. En Virginie, Obama s'est offert un succès de choix, puisque cet Etat n'avait plus voté en faveur d'un candidat démocrate à la présidentielle depuis Lyndon Johnson en 1964. L'annonce tard dans la soirée de sa défaite en Pennsylvanie a ôté ensuite à McCain ses derniers espoirs de remporter un Etat penchant pour les démocrates.

LES DÉMOCRATES SOUS LA BARRE DES 60 SIÈGES AU SÉNAT
Son élection s'accompagne d'une victoire écrasante des démocrates au Congrès, où le parti de l'âne renforce sa majorité aussi bien au Sénat qu'à la Chambre des représentants.
Au Sénat, les démocrates ont déjà remporté cinq sièges supplémentaires, ce qui les situerait au moins à 56 sièges. Ils n'atteindraient cependant pas la barre des 60 sièges, majorité qualifiée qui leur permettrait de surmonter les nombreux obstacles de procédure que ne manqueront pas de dresser les républicains face à leurs initiatives.
Les démocrates peuvent se targuer d'avoir battu deux sortants de marque: Elizabeth Dole, sénatrice de Caroline du Nord et épouse de l'ancien candidat républicain à la Maison blanche Bob Dole, ainsi que le sénateur du New Hampshire John Sununu, ancien secrétaire général de la Maison blanche durant le mandat de George Bush senior.
A la Chambre des représentants, les démocrates devraient remporter 25 sièges de plus qu'ils n'en avaient, s'assurant une majorité plus nette encore.

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