La CNIL a accordé 200 autorisations dont 108 à des collèges et 63 à des lycées. Mais, comme cette commission est dépassée - de l’aveu même de son président Axel Türk -, il s’agit d’un chiffre largement sous-évalué. Souvent les systèmes de contrôle sont installés au nez et à la barbe de la CNIL qui est chargée de donner les autorisations. Les parents ne sont parfois pas consultés et les élus locaux qui s’y opposent ne parviennent pas à interrompre le processus (où est la démocratie ?) ! Lorsqu’elle est saisie, la commission se contente d’acter le fait accompli. La société Alise, qui règne sur la moitié du marché français de la biométrie scolaire, estime à 4200 le nombre d’établissements équipés d’un système informatique de contrôle, soit par badge, soit par biométrie. Elle dit assister à une demande en forte hausse. Il est d’ores et déjà trop tard pour freiner une offre économique si porteuse de profits et, pour les établissements, d’économies..
Le contrôle biométrique à l’entrée du réfectoire prend la forme d’un procédé d’authentification de l’identité corporelle, par un traçage du contour de la main.
Comme nous vivons sous le diktat de la logique de marché qui dit que tout ce qui est techniquement faisable et vendable doit se faire sans entraves ni limites, le contrôle biométrique se banalisera dans la vie quotidienne pour de simples raisons pratiques sans rapport avec des besoins impérieux de sécurité (prison, terrorisme). Aujourd’hui les cantines, demain les transports scolaires, les bibliothèques, et ensuite ?
Ainsi, les collèges et les lycées, qui sont des lieux de formation et d’éducation à la citoyenneté, se font-ils les complices d’un contrôle social généralisé et rigoureux. Les arguments avancés sont toujours très pratiques, comme l’Histoire en regorge : la suppression des contrôles par des surveillants permet à ces derniers d’assurer une meilleure présence dans la cour. Logique comptable aussi (là aussi, l’Histoire...) : cela fait des économies pour l’école. On pointe de manière exacte les élèves, ce qui permet d’adresser un relevé de facturation aux familles.
La machine en elle-même ne comporte aucun danger et il est facile pour ses partisans d’arguer le caractère anodin de la procédure. Pourtant c’est ainsi que se met en place sourdement la nouvelle civilisation, sans débat social clos sur cette question sensible, sous le regard impuissant ou bienveillant d’une commission nationale supposée préserver nos libertés. Une civilisation où le plus simple mouvement de l’individu pourra justifier un contrôle corporel et un fichage. Big Brother a de l’avenir.
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